Les Jours sombres

Gregory Brown

Éditions Gallmeister

  • Conseillé par (Libraire)
    3 juin 2022

    Beau et sombre

    Deux familles unies malgré elle par un passé douloureux vivent non loin l'une de l'autre, près de la rivière Penobscot et de l'Océan Atlantique. Malgré leur rancœur, les deux femmes, Falon Harper et Grace Creel entretiennent une relation cordiale. Pour les deux hommes, Arnoux Ames et Lyman Creel, c'est une autre affaire, une indifférence froide teintée d'une violence sourde les tient en joug. Leurs enfants, quant à eux, ne se côtoient pas plus que ça.
    Falon Harper est une femme intransigeante et d'une droiture farouche. Responsable des pages du journal local, "Les Jours Sombres", elle ne baisse jamais la garde et se veut la voix de tous, pour peu qu'elle soit juste. C'est tout naturellement qu'elle respecte et soutient la Nation Penobscot en publiant régulièrement des articles de chefs tribaux.
    Elle sera l'un des personnages clés de ce roman, fort et engagé. L'incendie volontaire provoquée par cette jeune indienne Molly va être l'élément déclencheur d'une prise de conscience, de la mainmise des blancs sur un territoire qu'il ne leur appartenait pas. Un territoire qu'ils se sont échinés à dévoyer et à détruire, en polluant la rivière et les terres avoisinantes.
    Par ce geste irrévocable, Molly veut réveiller les consciences, œuvrer pour le bien commun. Mais peut-on encore l'entendre ?
    Le premier roman de Gregory Brown est à couper le souffle, tant par la beauté de certains passages (ode à la nature et aux légendes amérindiennes) que par l'intelligence du propos. Le conflit larvé opposant Arnoux Ames et Lyman Creel résonne étrangement avec celui qui oppose Molly et ses détracteurs. Ni perdant, ni gagnant, le constat est là, le mal est fait.