Conseils de lecture
Générique de fin
Le roman raconte les quelques jours précédant l’évacuation d’une ZAD dans le parc du château de la vieille Héloïse où elle a accueilli un groupe de zadistes menée par Magali, en vaine contestation contre un projet d’aménagement d’un grand contournement autour de Strasbourg.
Retour sur ce rassemblement improbable de divers militants, venus pour diverses raisons, avec une châtelaine s’ensauvageant, en pleine rédemption chrétienne ; et l’éloquente Magali entraînée à la lutte, polymilitante.
Alexis Anne-Braun rend très bien compte de cet effort collectif engagé pour réfléchir à une organisation différente de la vie matérielle et affective des hommes ; d’une communauté de croyants à la justice, à l’amour, la réparation, renouant les rapports au vivant.
Chacun y avoue sa vie, ses amours, donnant une touche romanesque à ce récit de rage soutenu par une narration fluide et soignée, dans un remue-ménage de corps et d’idées, de sueurs et d’intuitions …
« Vinci. Bravo. On donne des noms de peintres pour foutre en l’air les paysages »
« Magali est grosse et elle est belle. Ça rend les gens idiots, comme s’il n’y avait là une contradiction »
Le cadre et l'époque nous rendent notre âme d'enfant, tandis que l'intrigue, les dialogues, le mystère des personnages combles notre appétit d'adulte.
Habile, passionnant, réjouissant !
Elisabeth Finch, enseignante à l'université ,ne peut que subjuguer; atypique, mystérieuse, partageant son savoir de façon singulière...
Mais que laisse-t-elle paraitre d'elle? Que disent ses constantes références à Julien l'Apostat ?
Une découverte passionnante !
La faute
Camille entame un road trip avec le jeune Shimon durant lequel elle écrit à sa mère en fin de vie.
Jack observe de loin Ella, son ex compagne qu’il a quitté, restée dans la ferme isolée, véritable animalerie,
Chacun ressasse à sa manière sa vie et ses cruelles réalités. Camille a hérité de la peur de sa mère. Jack, acteur star de série sur le déclin, est la proie d’addictions et peine à combattre ses démons.
Le texte est dense mais la lecture glisse sur des personnages riches et originaux. Aude Walker réussit à susciter l’intérêt par son écriture inflexible, mêlant habilement désinvolture, gravité, causticité, dérision ; ménageant le suspense sur ces deux cavales qui vont finir par s’imbriquer pour une dernière cavalcade !
Coup de cœur.
« Les lamas nains ont une moue lippue et des coupes de cheveux super humaines, comme s’ils passaient leur vie au barber shop »
« Elle a sifflé à son oreille un poison si toxique que j’ai cru voir brunir les cactus alentours »
Métier de loup
C’est l’histoire de Vincent qui vit ses derniers mois de travail dans une entreprise qui a connu une vague de suicides dans les années 2010.
C’est l’histoire de Eve, dont le père s’est suicidé dans la même entreprise et dont Vincent favorise l’embauche.
Cette rencontre invite Vincent à s’interroger 12 ans après les faits sur ce qu’il aurait pu faire, convoquant d’éventuels regrets…
Entre roman et essai social car inspiré de faits réels, Thierry Beinstingel interpelle sur les rouages d’une entreprise dans la gestion de l’emploi interne et des répercussions sur les salariés laissés pour compte ou chargés de missions les dépassant ; sur le harcèlement moral ; les dits et les non-dits du management ….
L’importance du temps passé au travail est digne d’intérêt mais préoccupant.
Rapprochant son personnage d’une famille meurtrie, il donne au récit une dimension humaine et solidaire face aux exigences de la productivité.
Clairvoyant.