Conseils de lecture
Plongée chez Monet
Une véritable plongée dans les quelques semaines que dura le séjour du peintre "impressionniste" à Belle-Île, avec en prime un bel exercice de style de la part de l'auteur. Nous suivons avec plaisir le processus de travail, avec ces doutes et ces révélations, jusqu'à l'achèvement du chef-d'œuvre "Les Pyramides de Port-Coton". Exaltant pour tout amateur d'art et de nature.
« Iceberg, pure Water”
Été 2048.
Dans un monde au bord de l’effondrement systémique, marqué par la disparition des espèces et les conflits environnementaux, un ancien diplomate âgé de 90 ans prend une décision audacieuse : relier le Groenland au pôle Sud en suivant la trajectoire migratoire de deux sternes arctiques inséparables.
Ces grands migrateurs, messagers du climat, expriment en plein vol leur fascination et leur inquiétude dans une épopée fantastique au-dessus d’un tableau désolant de notre réalité.
L’auteur nous invite à considérer les animaux comme des ayants droits autant que nous à notre terre.
Ce récit ornithologique et migratoire nous incite, grâce au vol possible de l’homme oiseau, à mieux appréhender la complexité du monde, passant d’une vision limitée à une perception élargie.
Ce roman, riche en imagination, suscite une inquiétude profonde pour une planète qui ne tourne plus rond, menacée d’extinction par chaque acte d’extraction ou d’utilisation d’énergie, interpellant sur la convergence inéluctable des deux pôles.
Inquiétant, voire affolant, pour que les lecteurs prennent conscience des limites de la régénération de la nature et de l’humanité.
« Toute la compagnie des ânes, pour marquer son approbation, se dandina en secouant selles de bât et sacoches. Des clochettes firent retentir dans la nuit de l’oasis un son joyeux ».
« Seul un oiseau, un oiseau comme vous, avec un peu de culture, pouvait rejoindre Siwa et retrouver le tombeau et le Soma, la dépouille du conquérant »
Un polar sinueux et d'atmosphère
Voilà une bien curieuse affaire : Kuraki, un homme sans histoire et sans mobile apparent, avoue avoir tué deux hommes.
Tout semble limpide et pourtant ce n'est pas si simple : son fils Kazuma et Mirei, la fille de l'une des victimes, réfutent cette thèse. S'ensuit une enquête à bas bruit, sinueuse et retorse.
Kuraki est-il l'assassin lucide et implacable qu'il prétend être ?
Keigo Higashino mène le lecteur dans les méandres d'une enquête labyrinthique où chacun semble être le détenteur d'un lourd secret. Le rythme est volontairement lent, l'ambiance pesante, lourde de sens pour finalement prendre un tour plus rapide dans la seconde partie, les révélations se succédant les unes après les autres. Plus alambiqué que fracassant, ce polar-ci intrigue jusqu'à la fin.
Un polar curieux, un polar d'atmosphère, aux antipodes du polar américain, plus viscéral et rythmé. Et voilà la grande richesse du genre.
Vaille que vaille
Et voilà l'infatigable inspecteur Harry Hole de nouveau sur la sellette. Sauf que cette fois-ci, les choses ont changé : démis de ses fonctions, il est maintenant détective privé. Cerise sur le gâteau : il est embauché par le détestable Markus Roed, magnat de l'immobilier suspecté dans une affaire des plus sordides.
Du fil à retordre pour Harry, de retour au pays, obligé de composer avec ses vieux démons. L'alcool n'étant pas le meilleur allié en de telles circonstances. Et pourtant il ne lâchera rien... quelle pugnacité, quelle sagacité l'habitent – et c'est peu de le dire ! Entouré d'une petite équipe bigarrée, de types qui n'ont plus rien à perdre, il va démontrer une fois de plus son ingéniosité.
Un polar sinueux, un rythme allant crescendo, une intrigue corsée, John Nesbo ne nous épargne pas beaucoup. Malgré tous ces heurts, nous voilà happés par la tonalité d'ensemble. Dans cette noirceur se glisse une lueur d'espoir... un retour réussi et fracassant du privé le plus dur à cuire de Norvège.
Délicat et d'une grande maitrise
En découvrant la plume de Marion Fayolle, j'ai immédiatement été séduite par cette petite musique, assez indéfinissable, entre ingénuité et grande maîtrise. Alors certes, on retrouve par endroit son trait de crayon, si délicat et si poétique. Ce roman-là décrit une ferme familiale en Ardèche et tous les êtres et animaux qui en ont fait un corps vivant et mouvant.
Marion Fayolle dépeint avec pudeur le quotidien de cette famille, des aînés à la plus jeune, dite la gamine. Ces personnages nous émeuvent, le ton est sans emphase et respectueux.
J'aimais déjà beaucoup ses dessins et bien voilà que j'aime (aussi) beaucoup son roman. Comme une évidence en fait.