Rachel. Lanester 76

Stéphane Grangier

La Gidouille

  • Conseillé par
    5 avril 2015

    Travestir la vie.

    Découvrir un nouveau texte de Stéphane est souvent une épreuve, la plus facile, celle de l’amitié, la plus difficile, celle de l’écriture. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit ; je n’ai pas de problème avec son écriture mais souvent avec la noirceur de ses textes. Une longue nouvelle oscillant entre le très glauque et le lumineux.
    Ici en plus c’est sur nos terres, à plusieurs années d’intervalle. « Il suffit de passer le pont » dit la chanson, je le traverse et suis à Lanester ; cinq petites minutes à pied.
    La première phrase de ce livre nous explique la situation :
    À l'époque Lorient appartenait à une autre galaxie.
    Lanester, antithèse de Lorient, Lanester la rouge, le quartier ouvrier de Ti Penher jouxtant l’Arsenal, grand pourvoyeur d’emplois pour la commune.
    C'est dans ce contexte que grandit le narrateur, garçon solitaire, un peu en marge des autres écoliers et aussi des autres membres de sa famille.
    À l'école la discipline est sévère. Bruno, le cancre provocateur, reçoit une mémorable fessée de la part de l'institutrice. Mais ce même jour notre « héros » découvre une petite fille qui lui semble nouvelle. Alors il va tout tenter pour faire sa connaissance et va bien sûr tomber amoureux de Rachel, car c'est son prénom. Ils rentreront ensemble de l'école, chemineront de droite et de gauche, Rachel lui fera découvrir une vieille maison après l'avoir suivi à quatre pattes, avec vue sur sa petite culotte...
    Mais les adultes ont des obligations... la belle histoire aura une fin !
    Une belle histoire d'une enfance pas très heureuse, illuminée par cette petite fille.
    Peu de personnages, des mômes d’une école comme partout dans le monde et, parmi eux, Rachel la nouvelle, qui émeut notre jeune narrateur. Une famille plutôt moyenne pour ne pas dire plus, des barbecues, bien arrosés, bref une vie très ordinaire.
    Deux époques dans la vie d’un homme, le vice et la vertu, dans l’ordre inverse. Sorte d’allégorie représentée par les deux rives du même fleuve. L’enfance et l’innocence, puis la perte de celle -ci, de nombreuses années de l’autre côté de la rivière, un autre monde beaucoup plus noir et glauque, argent et sexe.