L'espoir dans la main

Lorsque Anton rencontra David, à l’orphelinat de Béthune, il n’avait que six ans. C’est ainsi qu'ils se trouvèrent, dans les différents moments de récréation, assis à l’écart des autres qui s’éloignaient de leur contact. Progressivement, Anton s’approcha de David, car il lui semblait qu’ils avaient un point en commun dans leur solitude. Aussi, dès qu’ils furent assez près pour parler discrètement, David, lui demanda :« Pourquoi tu n’es pas avec les autres à t’amuser ? – Moi ? Ils ne me veulent pas, ils rient toujours de moi en me traitant de cloche. »David regarda longuement Anton avant de lui répondre :« Tu n’es pas une cloche ! Tu les inquiètes, tu n’es pas comme eux. Ils sont normaux, pas toi. Et moi ? S’ils ne me parlent pas, c’est parce que je suis juif. On ne parle pas avec les Juifs si on ne veut pas d’ennuis.– Tu es juif, ça veut dire quoi ? C’est une maladie ? Est-ce que je risque quelque chose si je te parle ? » Entre ces deux êtres que tout aurait dû séparer, une amitié sans faille était née. Au fil des années, elle allait s'avérer précieuse au moment de subir le mensonge, la drogue, la prison, la bêtise et la méchanceté humaines.