Confucius et Jésus Christ

Le christianisme n’a pas été introduit en Corée par la prédication de missionnaires occidentaux. Découvert par des lettrés confucianistes coréens dans les ouvrages chinois édités par les jésuites à la Cour impériale de Pékin, il a germé et mûri dans leur pensée, fruit original d’une démarche de sagesse qui ne doit rien aux systèmes théologiques de l’Occident. Cet aspect trop eu connu de la réalité chrétienne en Asie reçoit un éclairage d’un intérêt exceptionnel à partir des recherche de Jean Sangbae Ri, qui a récemment retrouvé L’Essence de la doctrine sacrée, un écrit capital de Yi Piek, l’initiateur de l’Eglise en Corée, comme un Irénée de Lyon ou un Clément d’Alexandrie le furent end ‘autres lieux culturels et à une époque plus ancienne de l’histoire du christianisme. « On peut bien être savant du savoir d’autrui, on n’est sage que de sa propre sagesse ». L’auteur, lui-même coréen et théologien catholique de culture confucéenne, introduit magistralement à l’enseignement chrétien de Corée. Il montre comment la vérité de l’Evangile se déploya en une doctrine du Ciel, de l’humanité et de la perfection, selon des principes confucéens qui respectent le sens de l’Incarnation divine et le mystère authentique de Jésus Christ. Rarement la rencontre entre la foi évangélique et la sagesse immémoriale de l’Asie s’est retrouvée illustrée avec une telle pertinence. Il y a deux siècles, un lettré confucéen a reconnu Jésus, tel un pèlerin d’Emmaüs de l’autre bout de la terre. Sa théologie s’est faite poème à la louange de l’harmonie divine d’un salut reconnu comme suprême sagesse. Le christianisme a trouvé en Yi Piek une expression asiatique qui garde toute son actualité dans la perception présente des différences culturelles. Aussi cet ouvrage que lui consacre J. Sangbae Ri dépasse de loin l’intérêt local d’un rappel du passé coréen. Il invite à la réflexion les chrétiens affrontés partout à la différence des cultures.Jean Sangbae Ri, né à Taegu en 1944, prêtre coréen, a étudié la théologie classique de l’Eglise catholique en Corée, tout en approfondissant sa propre culture confucéenne amalgamée avec le Bouddhisme et le Taoïsme. Sa recherche théologique aboutit à une thèse de doctorat à l’Institut Catholique de Paris, soutenue en juin 1977.